L’histoire des mois impairs : ma participation mois 3

Comme dit dans nos règles du jeu, voici mon humble participation à mon défi blog « L’histoire des mois impairs », pour le mois 3.

Ce deuxième tour de jeu sera aussi le dernier, pour cette année en tout cas. Comme je vous l’avais expliqué ici, la participation est très faible. Je dispose de très peu de temps à consacrer à mon blog en ce moment, et ce temps passe quasiment entièrement dans l’organisation du jeu. Je préfère réorienter mes priorités et revenir à de la rédaction de billets plus classiques, sur les thèmes habituels du blog : jardin, nature, balade, lifestyle.

Je me suis néanmoins bien amusée, j’espère que vous aussi. Peut-être retenterai-je l’organisation d’un jeu, quand je serai devenue une blogueuse célèbre aux multiples « followers » quand j’aurai une petite communauté de lecteurs réguliers 😉.


Le géant ocre

Le soleil tapait fort sur nos têtes ce jour-là. Quoi d’étonnant ? Nous étions, Thiago et moi, dans l’une des zones les plus arides de la planète, le désert d’Atacama. Nous étions plus précisément en train de flotter gentiment et sans aucun effort à la surface de la Laguna Cejar, au sud de San Pedro de Atacama, où nous avions pris nos quartiers pour la semaine.

J’ai rencontré Thiago à l’université Catholique de Valparaiso. Il est biologiste, je suis doctorant en géologie. Lui les fleurs, moi les pierres. Il faut dire qu’il a des vagues origines hollandaises, alors que moi… Moi je viens de Roussillon, dans le Lubéron. J’ai été élevé au pied des falaises d’ocre. Un jour que je faisais la sieste à l’ombre d’un chêne vert, un géant d’ocre s’est même penché sur moi et m’a murmuré d’une voix rocailleuse : « à cœur vaillant rien d’impossible, Nico ». C’était très bizarre, mais du haut de mes 8 ans, ça ne m’avait pas plus étonné que ça. Mon univers était peuplé de créatures de ce genre, drac, coulobre, fées des rochers et dragons de garrigue…

Bref, j’ai suivi son conseil et je n’ai jamais baissé les bras, même quand mes objectifs semblaient trop ardus à atteindre. J’ai réalisé mon grand rêve, je suis devenu chercheur en géologie. Et demain, nous irons, Thiago et moi, visiter la vallée Arc-en-Ciel, un concentré de ce que la géologie offre de plus joli. J’ai hâte !

Nous nous pressons de sortir de la lagune salée, quel pied n’empêche cette flottaison, mais nous avons encore une trentaine de minutes de route pour retourner vers San Pedro et notre prochain objectif, la Valle de Marte. Et je vois au loin des nuages bien noirs. On ne va pas se prendre la sauce dans un des endroits les plus secs du monde, quand même ?

Arrivés sur le parking du site (ou sur Mars, parce que l’endroit rappelle furieusement les clichés couleurs du petit rover Curiosity), nous avons notre réponse : la pluie nous empêche presque de sortir de notre véhicule tout terrain. Nous siestons dedans en attendant que l’averse cesse.

C’est une très grosse averse… ça dure… ça dure… Soudain, j’aperçois du mouvement dans la roche derrière la voiture. Je me précipite à l’arrière pendant que Thiago roupille. Une grande silhouette se détache de la falaise orange, se penche vers la voiture, approche un visage triste de la vitre arrière. Une bouche crispée souffle : « au secours Nico, cœur vaillant… ». Dans un nuage de poussière, le géant ocre disparaît en même temps que l’averse cesse.

La visite du site est réduite car la pluie a rendu le terrain impraticable par endroits. Pendant tout le chemin, je pense au géant. Que puis-je faire pour l’aider ?

Le soir, dans notre petite maison d’adobe, j’y pense encore au moment où Thiago m’informe que c’est raté pour la Valle Arcoiris : la piste a été endommagée par les précipitations… Par contre… il me montre sur son écran une des images satellite que lui a envoyées son équipe : le désert commence à fleurir !

Nous passons un long moment à éplucher les images, qui montrent plusieurs zones du désert touchées par les pluies récentes. Sur l’une d’elles, je remarque une grande tâche blanche, près de la ville d’Alto Hospicio.

– ça Nico, ce ne sont pas des fleurs… c’est Montaña de ropa…

– Une « montagne de fringues » ? Des milliers de tonnes de déchets textiles, visibles depuis l’espace ?

J’étais atterré, ébahi, hébété. Le géant m’attendait là. J’avais trouvé ma nouvelle quête. A cœur vaillant…


Quelques précisions :

  • la photo a bel et bien été prise dans la Valle de Marte (Vallée de Mars), désert d’Atacama. C’était en février il y a environ 10 ans et j’ai appris depuis que les orages ne sont pas un phénomène exceptionnel dans cette zone à cette époque de l’année.
  • le phénomène de désert fleuri se produit tous les 5 à 8 ans dans le désert d’Atacama, plutôt entre septembre et novembre. Il est lié aux précipitations amenées dans cette zone par El Niño et se concentre plutôt dans la région sud du désert.
  • la montagne de vêtements existe hélas vraiment, et ce n’est malheureusement pas la seule sur Terre. Certains comme Nico ont pris le sujet à bras le corps avec diverses initiatives, mais tant que la fast fashion et la surconsommation de textiles restent la norme, le phénomène n’ira pas en s’arrangeant.

4 commentaires sur “L’histoire des mois impairs : ma participation mois 3

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  1. Dommage, je m’amusais bien à ce jeu et j’avais quelques idées pour la suite… mais je comprends les circonstances de cet arrêt.

    j’ai nettement préféré cette histoire à la précédente, je t’ai senti plus inspirée !

    à bientôt peut-être…

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    1. Merci pour ton commentaire. C’est mon seul regret : ne pas savoir la suite de ton histoire. Qui a tué le directeur de la carrière, pourquoi, et où est la fusée ? 🙂

      Et pour l’anecdote, en fait, j’étais bien moins inspirée, rédaction la veille de la parution après quelques recherches la semaine précédente ! Mais j’y ai peut-être mis un peu plus de moi-même, d’où l’impression d’inspiration plus forte.

      A bientôt j’espère ! J’irai de toute façon te lire sur ton blog !

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    1. Je t’avoue que je ne savais rien de cette montagne de vêtements avant de faire quelques recherches à propos de la pluie en Atacama… Juste avant, j’étais sur le point de déroger à mes habitudes zéro déchet pour renouveler un peu ma garde robe en boutiques de prêt-à-porter, finalement je tiens bon. Ce sera sur Vinted ou dans des boutiques de mode éthique, et ce sera un renouvellement limité au strict nécessaire.

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