L’histoire des mois impairs : le gagnant du mois 1 !

Nous sommes le 15 février, c’est le moment de dévoiler le grand gagnant du premier tour de notre jeu 2025 : l’histoire des mois impairs ! Pour mémoire, tous les détails sont ici.

Tout d’abord, merci à tous les participants, ce fut un régal de vous lire !

Mais trêve de suspens ! Le gagnant est… Sagittarius A*, avec son histoire « D’Acier et de rouille », que vous retrouverez sur son blog et que voici reproduite ci-dessous, conformément à notre règle du jeu ! Bravo !

Ce qui m’a plu dans cette histoire ? Son ancrage soigné dans le territoire, qui démontre un bel effort de documentation avant l’écriture. J’ai aimé aussi son rythme enlevé, à la manière d’un début de polar. Ce n’est que mon avis bien sûr et je vous invite à vous faire le vôtre en parcourant ces « 463 mots garantis sans IA ».

Je vous retrouve le 28 février avec l’histoire que j’ai préparée de mon côté, et le 1er mars avec une nouvelle image, pour notre 2eme tour de jeu !

Je vous laisse avec l’histoire gagnante ! 👍

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D’acier et de rouille

Bien des années plus tard, alors qu’il passait place de la Comédie en trottinette électrique, Valentin Buthier prenait encore le temps d’admirer les élégantes façades classiques qui bordaient l’espace public.

Ce beau matin de juin 2019, l’air était frais et doux. A son retour de vacances, en se rendant à son bureau, Valentin était loin d’imaginer le choc qu’il allait recevoir. Bien sûr, comme tout un chacun, il avait entendu parler d’un objet mystérieux qui serait planté là au début de l’été, mais la nouvelle lui semblait si improbable qu’il l’avait garée au fond de sa mémoire sans y prêter attention.

Et pourtant, ELLE était bien là , incongrue, insolite et insolente dans ce décor classique, la PK70  ! En acier corten qui commençait à peine à prendre sa jolie patine rouille. Du haut de ses 8 mètres et de l’aplomb de ses 4 tonnes, la fusée semblait défier Valentin sur la place en plein centre de Metz !

Il fit une embardée, manquant chuter sur les pavés. Sous son blouson de cuir, il réajusta le holster de son Glock 17  et s’approcha. D’autres curieux perplexes s’étaient massés autour de l’engin, chacun y allant de son avis péremptoire et définitif sur l’esthétique, l’utilité, l’évocation de Tintin sur la Lune ou la dépense publique inconsidérée. L’avis général tendait à trouver très moche, mal fichue et mal placée la PK70. Français moyens râleurs, décérébrés et frappés d’ultracrépidarianisme.
Valentin, qui adorait les idées décalées, lui se réjouissait du spectacle. Enfin des édiles qui osaient sortir du cadre de référence !

Il prit quelques photos, puis sourire aux lèvres en traversant la Moselle au pont Moreau, il fila tranquillement à son bureau rue Belle-Isle. Il n’était jamais en retard. Il avait hâte de partager ses impressions avec son adjointe, lieutenante Julia Bollengo. Elle était forcément passée devant la fusée en venant au travail. Elle avait adoré, confirma-t-elle.
Mais comment Valentin à l’instant où il se plongeait dans la lecture de ses mails, pouvait-il se douter que le lendemain matin, la fusée aurait disparu ?

« Ils » étaient venus un peu avant potron-minet sur la place déserte et à l’aide d’un camion-grue, seule possibilité, avaient dégagé le lanceur fictif métallique en toute impunité en l’absence de  caméras de vidéo-surveillance couvrant l’endroit. Des pros. En arrivant le lendemain matin place de la Comédie, il imagina la scène :

Debout sur sa trot’, il observait le maire et des policiers municipaux qui erraient en vain sur les lieux. Une fois la surprise passée,  Valentin sentit son âme de détective se réveiller, une petite excitation familière… En fait, ils étaient peu nombreux dans le secteur, les gens capables d’un tel exploit, rapide et silencieux. Pour qui avaient-ils agi ? Le capitaine Valentin Buthier devait en avoir le cœur net.

Texte Sagittarius A* pour le blog Chardons et Marrons

Photo 1 : photo personnelle Chardon
Photo 2 : Gilles Wirtz pour le Républicain Lorrain