Ca y est, Bébé Chardon est né ! Pour fêter cela sur le blog, je vous propose un article spécial, issu de ma passion de l’écriture : une petite histoire, juste pour le plaisir des mots. Une courte histoire que l’on peut raconter par exemple le soir à Petit Chardon, qui est déjà un fin gourmet et un grand curieux ;-). Bonne lecture !

Au camping cette année-là, le marchand de glaces était un peu spécial. Il ne vendait pas de la crème glacée comme tous les ans, mais des émotions. Vous demandiez « joie » et hop, il vous servait le nombre de boules de joie que vous souhaitiez, dans un joli carnet très croustillant.
Bien sûr, il valait mieux arriver au début de sa tournée, pour avoir le choix. Si vous arriviez parmi les derniers, il se pouvait qu’il ne reste plus que de la peur, ou encore de la colère.
Petit Chardon adorait se baigner et quand le marchand de glaces passait, il était toujours le dernier à sortir de la piscine. Il se précipitait, encore tout dégoulinant, vers le camion du marchand. La queue pour attendre son tour était alors très longue et quand enfin Petit Chardon se faisait servir, il ne restait souvent que de la colère et de la frustration. Ça donnait beaucoup d’énergie, mais le goût ne lui plaisait pas tellement.
Un jour qu’il avait tardé encore plus que de coutume, il n’y avait plus que de la tristesse en stock, et Petit Chardon n’aimait vraiment pas ça. Pour le consoler, le marchand lui proposa une gaufre à la crème de pitié. Petit Chardon prit la gaufre, fit demi-tour et se retrouva face à un garçon pas bien gros, qui lui souriait vaguement, et qui semblait avoir lui aussi bien envie d’une glace. Petit Chardon lui donna sa monnaie et s’en alla avec sa gaufre. Le petit garçon put alors se faire servir une demi-boule de tristesse.
Le lendemain, Petit Chardon arriva bon dernier, comme toujours, mais il ne se mit pas à faire la queue. Il se cacha dans un buisson jusqu’à ce que tout le monde soit servi et éparpillé. Alors, comme la veille, il vit le petit garçon qui s’avançait, mais le marchand lui cria qu’il n’avait rien à lui proposer dans ses prix et il ferma le camion. Le petit garçon repartit sans mot dire.
Les jours suivants, Petit Chardon répéta le même scénario. Il était curieux. Mais le dernier jour de ses vacances, il sortit le premier de la piscine, sitôt que la mélodie prometteuse du marchand retentit. Il se précipita et arriva le premier au camion. Avec ses économies, il commanda un énorme carnet avec deux gigantesques boules de bonheur et du coulis d’espoir. Le marchand ajouta même quelques vermicelles de gratitude. Et lorsque Petit Chardon vit paraître le pauvre garçon, à la fin du service, il lui proposa de se promener ensemble en partageant la glace qu’il venait de se procurer. Le sourire qui fleurit alors sur le visage du gamin le récompensa de sa patience. L’amitié qui naquit ce jour-là dura toute leur vie, renouvelée d’été en été au gré des émotions partagées.

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