Fille de l’Est, ce n’est que depuis très récemment que je m’aventure dans l’ouest de la France. L’an dernier, j’ai découvert la Normandie. C’était fin juin, après les célébrations du 75e anniversaire du Débarquement. Impossible pour moi de faire l’impasse sur une visite des sites du Débarquement, pour plusieurs raisons. D’abord parce que l’Histoire, de base, ça m’intéresse, et peut-être encore plus quand elle est « récente ». Ensuite parce que je pense que le devoir de mémoire est quelque chose d’important et que tout un chacun devrait le pratiquer de temps en temps. Je ne veux pas dire qu’il faut choisir son lieu de vacances en consultant L’atlas des nécropoles nationales (oui cet ouvrage existe). Mais si on a l’occasion de visiter un site de mémoire comme les lieux du Débarquement de 44, je pense qu’il faut y aller. Quand on connaît le passé, on comprend mieux le présent et on prend des décisions plus éclairées pour le futur.
Nous voici donc partis de bon matin ou presque pour une journée de tourisme mémoriel, en parcourant la côte normande d’ouest en est sur environ 80 km. Nous étions deux adultes et nous avions pris notre propre voiture.
Sainte-Mère-Eglise, un para sur le toit
Nous arrivons vers 11h (de bon matin donc…) à Sainte-Mère-Eglise. Ce village est l’un des premiers à avoir été libéré. Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, des parachutistes américains ont sauté sur le village. Le Débarquement venait de commencer. L’un de ces soldats, John Steele, est resté accroché malgré lui au clocher de l’église. Il a été décroché par les Allemands et fait prisonnier, mais il s’est évadé et a pu terminer la guerre au côté des Américains (1).
La reconnaissance envers les libérateurs est toujours très vive à Sainte-Mère-Eglise, entre monuments, fanions et même décoration des vitrines. Nous avons plus ou moins suivi le circuit historique, dont le parcours est jalonné de panneaux explicatifs. Devant la mairie, nous avons pu voir la borne zéro de la Voie de la Liberté. Chez nous dans le Grand Est, nous passons souvent devant ce genre de borne, nous ne les voyons même plus à force, mais voir la borne zéro m’a remis en tête ce qu’elles représentent, à savoir la voie suivie par les Alliés pour libérer la France, de Sainte-Mère-Eglise à Bastogne, en Belgique.

J’ai trouvé que le « filon touristique » était un peu surexploité, entre le parking payant, l’exposition de chars, l’Airborne Museum, les nombreuses boutiques de souvenirs militaires américains. Néanmoins, la balade m’a plu et elle était très instructive. Et puis, suite aux commémorations du 75e anniversaire, il y avait encore des drapeaux partout, on pouvait ressentir un peu la liesse de la Libération.

La Pointe du Hoc, la falaise des rangers
C’est sous un soleil de plein midi brûlant et tout en mangeant nos sandwichs que nous avons ensuite parcouru la Pointe du Hoc. Là-haut, c’était une batterie de canons allemande fortifiée et la falaise pour l’atteindre depuis la mer est haute et très escarpée. La prendre relevait de l’exploit, exploit qui fut accompli par des rangers américains spécialement entraînés, au prix de très lourdes pertes. Des panneaux retracent la bataille et honorent la mémoire de ces soldats. On peut encore voir les nombreux trous laissés par les bombes et entrer dans le bunker d’observation. J’ai été très impressionnée par le récit de la bataille.

Colleville-sur-Mer : Omaha Beach et le cimetière américain
A Omaha Beach, la mer était rouge le 6 juin 1944. Rouge de sang. En ce mois de juin 2019, c’est une belle plage de sable fin et une mer d’un bleu profond que nous découvrons. Il y a des enfants qui jouent. Une sculpture, Les Braves, rappelle le souvenir des combattants.


Nous sommes allés au cimetière militaire américain, qui surplombe la plage. Nous nous sommes recueillis un instant devant toutes ces croix blanches. Encore aujourd’hui, l’armée américaine tient la promesse faite aux soldats américains, en faisant en sorte que « le temps n’efface pas la gloire de leurs exploits ».

Arromanches : émotion et admiration
A Arromanches, les Alliés ont carrément installé un port artificiel flottant, dont il reste quelques vestiges que la marée découvre quand elle descend. Imaginez l’effort de logistique qui a été fait pour installer, à partir de zéro, très rapidement et malgré les caprices de la Manche, un port d’où il était possible de débarquer en continu pendant des mois des milliers de véhicules, d’hommes et de tonnes de matériel ! Brise-lames, quais, routes flottantes, quel défi technique ! Je dois dire que j’attendais beaucoup de voir Arromanches. Et je n’ai pas été déçue. Nous sommes d’abord allés sur la plage. La mer montait mais nous avons encore pu approcher les ouvrages qui restent. Il s’agit de caissons qui supportaient les routes flottantes (2). Immenses blocs de béton que les algues teintent de vert et de pourpre et que le sel grignote peu à peu.


Puis nous sommes montés sur la falaise qui surplombe le village. Là-haut j’ai eu mon gros coup de coeur de cette journée : un jardin du souvenir, tout petit mais qui m’a prise aux tripes. Il rend hommage aux vétérans et il a été inauguré pour le 75e anniversaire. On voit un vétéran sculpté dans une pierre claire et derrière lui des représentations de soldats débarquant, faites d’un assemblage de rondelles de métal et qui évoquent terriblement bien des souvenirs. Au sol un chemin de petites bornes cubiques portent des pensées en anglais comme « je n’oublierai jamais la majestueuse armada » ou « c’était lui ou moi » (traduction approximative issue de mon souvenir et de mon anglais, tous les deux loin d’être parfaits). Avec cela, une multitude de fleurs roses et blanches au ras du sol. Et la mer en contrebas. Je n’aurais pas cru être un jour aussi émue par un jardin.




du 18 juin des glaces et des crêpes. Mais sachez donc qu’une pause gourmande est tout à fait possible à Arromanches, qui avant de devenir ce site historique, est une charmante station balnéaire !
Courseulles-sur-Mer, un rendez-vous avec le Général
A Courseulles-sur-Mer, la pluie normande nous a définitivement rattrapés. C’est donc mouillés et frigorifiés que nous avons découvert une gigantesque croix de Lorraine, érigée en l’honneur du Général de Gaulle, qui y a débarqué le 14 juin 1944. On peut voir aussi d’autres monuments et un char qui a été tiré de la dune.

Le retour à notre hébergement s’est fait ensuite en suivant la côte : Luc-sur-Mer, Lion-sur-Mer, etc. Nous sommes passés sur le pont qui remplace aujourd’hui le pont Pegasus et devant la première maison libérée de France. Il y a encore bien d’autres sites à visiter dans cette région. Pour rendre l’Histoire concrète et la sortir un peu des livres, ça vaut le détour, vraiment.
Sources
(1) OT baie du Cotentin. « John Steele, parachutiste du clocher de Sainte Mère-Eglise », [En ligne], https://www.ot-baieducotentin.fr/d-day-1944/sainte-mere-eglise/john-steele-parachutiste-du-clocher-de-sainte-mere-eglise/ [consulté le 12 juin 2020]
(2) « Le port artificiel d’Arromanches », Le guide des plages du jour J [En ligne], http://www.plagesdu6juin1944.com/accueil/gold/itineraire-n-4/arromanches-les-bains.html [consulté le 12 juin 2020]
Merci pour cette balade dans un coin que je connais pourtant bien, mais où je n ‘ai fait que peu de visite (mr est lui saoulé de tout ces lieux, à force de visites scolaires etc, disons qu’il connait déjà tous ces endroits par cœur, logique). J’ai quand même visité le cimetière de Colleville, et j’ai déjà été en bateau au dessus des pontons d’Arromanches, mais je n’y suis jamais allé à pied, ni ne connais le jardin du souvenir en haut de la falaise. J’essayerai d’y aller, merci pour la découverte !
Bises et bon dimanche !
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Merci pour ton commentaire ! C’est vrai que l’on visite finalement moins les grands sites près de chez nous, ah ah ! Ici on est plutôt soûlé par les visites de la ligne Maginot ou, dans un autre registre, tous les musées en rapport avec la sidérurgie, de la mine à la bobine d’acier (même si c’est très intéressant) ! A bientôt !
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Bonjour, j’habite en Normandie à Villedieu-les-Poêles, votre séjour est fort bien rapporté ! Connaissez-vous les cimetière américain de Saint-James dans la Manche ? Je lui ai consacré une page sur mon site wordpress : https://bruitsdeplume.wordpress.com/le-cimetiere-americain-de-brittany-a-saint-james/ . Bonne continuation !
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Bonjour Gilles ! Merci pour votre commentaire et merci pour la découverte de ce site que je ne connaissais pas du tout. Il me semble que la Normandie a beaucoup à offrir, je n’en ai vu qu’une petite partie :-). A bientôt !
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