Au détour d’un jardin, d’un parc, vous voilà face à une fleur qui soudain vous touche. Ni une ni deux, vous sortez votre appareil, vous voulez capturer son image, l’immortaliser ! Mais ! Comment lui faire honneur ? Comment la sublimer ? Comment faire en sorte aussi que l’image soit un tant soit peu marquante ?
La clé : l’intention photographique
Dire quelque chose, raconter une histoire, partager un point de vue : c’est bien souvent ce qui fait la force d’une photo. L’intention photographique. Quand vous êtes face à une fleur, généralement, vous sortez votre appareil parce que vous l’admirez. Je pense que la clé, c’est de chercher à exprimer cette admiration à travers la photo. Pour quoi cette fleur a-t-elle retenu votre attention ? Qu’est-ce qui vous touche dans cette fleur précisément ? Sa couleur ? Sa forme ? Le contexte dans lequel vous l’avez rencontrée ? En fonction des réponses apportées, vous pouvez faire des choix pour la photo que que vous allez prendre, et lui donner une force, une identité, quelque chose qui va parler à celui qui la regarde (c’est-à-dire vous et/ou ceux à qui vous voudrez montrer la photo).
A mon sens, il n’y a donc pas une méthode qui va vous permettre à coup sûr de sublimer vos photos de fleurs. Et passé la première déception (quoi ? pas de méthode ?), on peut se dire que c’est une bonne nouvelle, car cela souligne toute la noblesse de la photographie en tant qu’art et en tant que moyen d’expression.
Quelques astuces quand même
Néanmoins, il y a sans doute des astuces qui permettent d’avoir de jolies images de fleurs, en voici quatre qui me viennent spontanément à l’esprit :
- choisir un moment de la journée où la lumière est douce (autrement dit pas en plein midi un jour de grand soleil)
- ouvrir au maximum le diaphragme afin de diminuer la profondeur de champ et avoir un beau flou d’arrière-plan (le « bokeh »)
- photographier à hauteur de la fleur
- miser sur les contrastes de couleur pour faire ressortir la fleur sur le fond
Vous pouvez aussi utiliser un filtre polarisant qui permet de limiter ou renforcer les reflets (par exemple des reflets sur une feuille lisse ou sur une goutte de rosée). Il permet aussi de renforcer les couleurs.
Enfin, les fleurs se prêtent particulièrement bien à l’exercice de la macrophotographie. Personnellement, c’est mon option préférée, d’une part car c’est un point de vue qu’on n’adopte pas spontanément, et d’autre part car il permet de brouiller l’arrière-plan très facilement.
Exemples
Je voudrais vous montrer deux exemples et pour chacun vous expliquer les choix que j’ai faits (consciemment ou inconsciemment : ne croyez pas que je tergiverse pendant des heures avant de prendre une photo, j’aime réfléchir oui mais point trop n’en faut :-))
Œillet de Chine

Dans cette fleur, ce qui m’interpelle, c’est sa coquetterie (vous n’imaginez pas combien de temps peut s’écouler entre l’apparition du bouton floral et l’éclosion de la fleur d’oeillet ! une vraie diva). J’aime aussi particulièrement sa grâce et et toute la douceur apportée par la couleur rose pâle. Aussi, j’ai choisi pour la photographier un jour couvert, pour que la lumière diffusée par les nuages soit douce et que la couleur pastel soit bien mise en valeur. Au post-traitement, je n’ai pas joué sur la saturation, justement pour garder le ton pastel. J’ai photographié en gros plan pour flouter l’arrière plan et surtout l’avant-plan. Et puis cela permet aussi de montrer les gouttes qui ornent la fleur. Je dois dire que c’est ce qui m’a vraiment décidée à sortir l’appareil ce jour-là, ces gouttes. Ce n’est pas de la rosée mais les restes d’une violente averse, et on voit d’ailleurs aux autres feuilles (du trèfle, du liseron) que la fleur est en fait à ras de terre. Quelque part, je crois que j’avais envie de traduire cette fierté de la fleur qui se relève après l’orage, et de montrer comment elle a réussi à traverser une épreuve en n’en gardant que le positif.
Ciboulette

Là, ce qui m’a plu, c’est la légèreté, l’impression d’envol, d’élévation. Et puis aussi le contraste entre le vert et le violet, et entre l’apparente fragilité de la tige et la lourdeur de la fleur. Cela donne une photo tout en hauteur où on voit la frêle tige qui porte la jolie boule. Je trouvais aussi que le rassemblement de fleurs avait quelque chose de joyeux, un peu comme une fête où l’on danse. Du coup, je n’ai pas photographié une seule fleur mais le groupe, en faisant la mise au point sur une d’entre elles tout en gardant les autres en fond. Avouez, vous les voyez se balancer doucement au souffle printanier, non ?
Que pensez-vous de cette approche de la photo de fleur ? Avez-vous envie de vous essayer à l’exercice ?
A bientôt, portez-vous bien !