Voici donc le deuxième et dernier article sur mes vacances lorraines de cet été 2020. Pour lire le premier, cliquez ici !
Au calme de la vallée des éclusiers en Moselle-Est
En Moselle-Est se trouve un ouvrage épatant : un ascenseur à bateaux. Il s’agit du plan incliné de Saint-Louis Arzviller (prononcez artz-vil-air). Il a été construit en 1969 pour permettre aux péniches de gagner une journée de navigation sur le canal de la Marne au Rhin. En effet, avant sa construction, il fallait emprunter pas moins de 17 écluses pour passer les Vosges par la voie fluviale. Aujourd’hui, l’heure n’est plus au transport fluvial des marchandises, mais l’ouvrage sert encore pour les plaisanciers… et les touristes curieux !
En pratique, le plan incliné d’Arzviller a conduit à une dérivation du canal, laissant à l’abandon une partie du précédent tracé. Cet ancien tracé, presque vidé de son eau, est devenu un endroit terriblement bucolique : la vallée des éclusiers. Je vous avais déjà parlé de ma passion pour le bord de l’eau, les lacs, canaux, torrents, barrages et écluses. Impossible pour moi de faire l’impasse sur la découverte de cette vallée !

Et quelle belle journée ce fut ! Nous avions prévu une boucle de plusieurs heures, qui partait de Lutzelbourg avec, au retour, la visite du château. Le village en soit est déjà très joli. Il est sur le canal, mais aussi sur la ligne de chemin de fer entre Strasbourg et Metz : il y a même une gare ! Où le train s’arrête !
Un petit casse-croûte et nous voilà partis. La randonnée passait dans la forêt, où nous avons pu nous exercer à différencier des hêtres des charmes. Il y avait du plantain majeur tout le long du chemin et j’ai trouvé un beau spécimen de chardon. Nous avons vu un faon de très près et plus tard un pic noir (animal plutôt rare et discret). La vallée est assez étroite, alors le bruit de la route et du train se fait entendre même sur les hauteurs, mais dès qu’on s’éloigne un peu du bord du versant, cela disparaît. Petits ponts à la Indiana Jones, cascades où l’on s’attendrait à voir apparaître des fées d’un moment à l’autre, soleil qui joue entre les branches des sapins, grès rose par petites touches, quelques points de vue panoramique… vraiment charmant.

Le retour s’est fait le long de l’ancien canal, ponctué d’écluses abandonnées et de maisons d’éclusier pour certaines refaites et pleines de charme. Nous sommes arrivés à Lutzelbourg par le port de plaisance et nous sommes montés par la gare vers le château. La montée était raide mais nous étions motivés par notre objectif, le château de grès rose ! Il reste pas mal de choses, notamment une tour carrée, un donjon et un logis restauré. Le soleil se cachait petit à petit derrière les collines et la lumière était formidable. Apparemment il est de coutume pour les jeunes de venir ici siroter quelques bières au coucher de soleil, car le site n’était pas désert malgré l’heure tardive à laquelle nous l’avons visité.
Nous avons ensuite voulu poursuivre la balade jusqu’à un point de vue et redescendre par des escaliers escarpés taillés entre deux roches, mais le chemin était barré car des travaux étaient en cours. Alors nous sommes revenus au château puis jusqu’à notre point de départ au village, où la partie la plus âgée de la population mettait l’animation (les jeunes étaient au château, suivez un peu) : en effet, c’était café-klatsch au bord du canal !
Entre deux eaux dans la vallée du Terrouin
Je n’ai pas beaucoup de photos à vous montrer de la vallée du Terrouin, et pourtant c’était vraiment une chouette promenade, avec des paysages très variés. Partis du restaurant Le Pavillon Bleu, entre Villey-Saint-Etienne et Liverdun, en Meurthe-et-Moselle, nous avons d’abord suivi la voie verte le long de la Moselle vers le sud. Ce bout de chemin est au bord de l’eau (ça, j’aime !) mais aussi en plein soleil (ça, j’aime moins !). On peut y entendre le concert des grenouilles. Arrivés en contrebas de Villey-Saint-Etienne, nous avons quitté la Moselle pour monter jusqu’au village. C’est un village typique de Lorraine, c’est à dire principalement composé d’une grande rue bordée de maisons collées les unes au autres et disposant pour la plupart de ces immenses portes de grange si caractéristiques d’ici. Les habitants prennent vraiment soin des façades, c’est coloré et très gai.
Puis nous sommes partis sur un chemin à travers champs, entre orge, blé et tournesol. Sur ces hauteurs, nous avions une vue dégagée sur les monts du Toulois. La clarté, le ciel bleu, les collines, les tournesols, et soudain un petit coup de vent façon mistral : un instant je me suis crue dans la Drôme provençale.

Juste avant de quitter les champs pour le couvert forestier, je photographiais une coccinelle remuante sur une scabieuse des champs quand un papillon est venu se poser sur l’appareil, puis sur ma main, puis il ne fut plus question pour lui de me quitter tant que je ne lui avait pas très sérieusement tiré le portrait. C’est limite s’il n’exigeait pas de voir le résultat sur l’écran entre chaque pose. Qu’il était beau, avec ses taches orange, ses antennes rayées et surtout ce bleu vif sur son corps et ses ailes. Son petit nom ? Collier de corail. Même son nom est joli et fait rêver. Je continuais de marcher vers la forêt avec mon charmant passager et ce n’est que lorsque nous avons atteint l’ombre des arbres qu’il a finalement choisi de rester dans sa prairie, non sans m’avoir demandé l’adresse du blog où seraient publiées les photos, bien sûr.
Ensuite, nous sommes descendus dans la forêt, où ça sentait bon le pin et les vacances, jusqu’à atteindre le ruisseau du Terrouin. Nous l’avons suivi jusqu’à la fin de la promenade, dans une vallée verdoyante. Nous n’avons pas parcouru entièrement la vallée du Terrouin (24 km en tout dont 8 aménagés en sentier découverte) mais ce que j’en ai vu m’a donné envie d’y revenir. La vallée du Terrouin est un Espace Naturel Sensible géré par le Conseil Départemental de Meurthe-et-Moselle, on y trouve notamment des pelouses calcaires, des anciennes carrières et des zones humides, qui sont autant d’écosystèmes à préserver.
Renaissance à Liverdun
Liverdun est un village de Meurthe-et-Moselle dont nous avons découvert la ville haute au soleil couchant, après avoir fait le plein de nature dans la vallée du Terrouin. Disons le tout net : j’ai grave kiffé la visite ! Il y a un circuit qui permet d’apprécier l’architecture Renaissance encore très présente dans la cité, dont beaucoup de maisons ont été reconstruites dans ce style après la mise à sac et l’incendie de 1467. J’ai vraiment aimé admirer la boucle de la Moselle depuis la Porte Haute, parcourir les ruelles en pente, faire une pause devant de coquettes maisons aux volets bleus.
J’ai imaginé l’agitation des jours de marché sous les arcades de la Place de la fontaine, j’ai pris la mesure des remparts en passant la Porte en Mi et j’ai frissonné devant la mystérieuse Maison du Gouverneur (on dirait qu’elle est hantée, je vous assure).
Ce qui m’a le plus marquée ? Le portail de l’hôtel de Camilly avec ses belles arabesques sculptées, l’hôtel 1900 avec ses créneaux, et une maison juste après la Porte Haute qui n’a l’air de rien comme ça mais qui cachait bien des surprises : entrée d’un ancien château, superbe cave voûtée du XIIe siècle et même… squelettes de prisonniers encore assis et attachés au moment de leur découverte, au XIXe siècle !

Bref, je vous recommande Liverdun. Et si les vieilles pierres ne vous emballent pas, peut-être vous laisserez vous tout de même séduire par la spécialité du village : la véritable madeleine de Liverdun !
Ainsi s’achève le récit de mes vacances lorraines. J’espère qu’il vous aura fait découvrir de nouvelles facette de la région. D’ailleurs je suis sûre qu’à présent vous ne rêvez que de cette destination pour vos prochaines vacances. Non ? 🙂